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Ur skop war ar plastr

Le jacobin planque son chauvinisme derrière un universalisme abstrait.

Promotion sociale et mission civilisatrice



Lu dans le Dossier Alternative Economique, "l'Etat face aux communautés" une interview ou apparait le sociologue Robert Castel.
Ce dernier est interrogé sur la question des statistiques ethniques.
Ce dernier, que la force obscure du régime républicain à la française aveugle ("Je suis très attaché au modèle républicain.") croit encore aux  bonnes vieilles fables que tout petit, il écoutait sur les genoux de notre bonne vieille chère Marianne.

Je cite : "Lorsqu'au XIXe siècle, la République interdisait aux petits Bretons, par exemple, de parler leur langue à l'école, elle voulait leur offrir une véritable possibilité de promotion sociale, en échange de cette impossibilité d'exprimer leur identité culturelle en public. Le français était un sésame exigé d'eux. Dès lors qu'ils l'avaient appris, ils n'étaient pas l'objet de discriminations parce qu'ils étaient nés en Bretagne."

Comment un sociologue de sa trempe peut encore croire à de telles sornettes ? Nous savons tous et toutes que si la volonté réelle était la promotion sociale, le bilinguisme aurait amplement suffit. Pas besoin pour cela d'éradiquer l'expression la plus profonde d'un peuple, sa langue. Remplacer le breton par du français relevait simplement d'une mission assimilatrice, d'un nettoyage culturel assaisonné d'une pincée de beaux sentiments pour la forme.

Il faut se rappeler que c'est à la même période que sévissait une république hautement raciste (la troisième) et colonialiste, sous couvert d'élévation de la condition des pauvres nègres et autres bougnoules. Nous, nous étions les ploucs... Un poil mieux considérés.

J'exagère ?
Sous la Monarchie de Juillet déjà, de l'aveux du sous préfet de Kemperle Auguste Romieu :
"La Basse-Bretagne, je ne cesse de le dire, est une contrée à part qui n'est plus la France. Exceptez en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial. Je n'avance rien d'exagéré. Créons pour l'amélioration de la race bretonne, quelques unes de ces primes que nous réservons aux chevaux et faisons que le clergé nous seconde en n'accordant la première communion qu'aux seuls enfants parlant le français."

Un autre sous préfet lançait lui un cri de guerre aux instituteurs largement entendu depuis : "Surtout rappelez-vous, messieurs, que vous n'êtes établis que pour tuer la langue bretonne."

Et la promotion sociale ?

Ces appels à la promotion sociale comme les considère Robert Castel prennent tout leur sens dans le vibrant hommage à la pureté républicaine, résumé ici en un slogan rageur : "Pour l'unité linguistique de la France la langue bretonne doit disparaître." Dixit Anatole de Monzie, ministre de l'Instruction Publique en 1925 (IIIeme republique)


Robert Castel ne semble pas comprendre que cet ethnocide EST non seulement une discrimination  mais un véritable crime.

Il est stupéfiant de lire de la part du sociologue que le crime a payé, et que c'est une bonne chose puisque il n'y a plus besoin de tuer. Comme il n'y a plus de raison de tuer, nous avons éradiqué le problème. Comme il n'y a plus de probleme, l'assassiné n'en a plus. On n'en parle plus.. Suivant !

Comment peut-on lire de telles inepties en 2009, alors que nous savons pertinemment que ce discours  sur la "promotion sociale" de la IIIeme n'a été qu'un cache sexe permettant les pires méfaits colonialistes au nom de la civilisation. La grandeur de la france, son rayonnement via sa langue et sa culture a toujours été l'orgueil français... pas le bien être de ses administrés.

Robert Castel oublie-t-il que le parangon de la troisième, et de son modèle de "promotion sociale" Jules Ferry n'a pas hésité à déclarer :  "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures [...] parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures."
Civiliser, attendrir, domestiquer... Le but n'était-t-il pas plus de se faire comprendre de ces populations plutot que de les élever socialement ? Il est certe plus facile de diriger un peuple, de l'envoyer à la guerre, quand ce dernier comprend les ordres.

Outre mer, nous savons pertinemment que le niveau social et culturel des pays colonisés, que le statut même des citoyens colonisés, était largement inférieur à celui de la métropole et que cela a perduré, jusqu'à même l'obtention d'indépendance de certaines colonies. Pourtant c'est le même air que ces derniers ont entendu : "nous voulons votre bien. Nous voulons élever votre âme" Tant de charité chrétienne ferait verser une larme à un poisson.


PS :
Je conseillerais à tous les nostalgiques de la III et des suivantes de vite se depêcher de regarder le film de René Vautier : Afrique 50.
On y voit comment la république française, en bonne mère se charge de veiller au bien être et à la promotion sociale de ses ploucs africains.

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