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Ur skop war ar plastr

Le jacobin planque son chauvinisme derrière un universalisme abstrait.

Politique ethnocidaire en France : chantage et hypocrisie

 

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Née d'une très forte volonté politique des hauts responsables de la francophonie, s'est mis en place progressivement un ambitieux programme bilingue franco-vietnamien. Il existe maintenant plus d'une centaine de ces établissements. Encore une fois, sous couvert de diversité culturelle, l'objectif est très clair : former des cadres nationaux qui seront les futurs acteurs du développement du pays.

Le français est, au Vietnam, une langue héritée de la période coloniale. À cette époque, les gouverneurs généraux de l'Indochine éliminèrent l'ancien système éducatif, qu’ils remplacèrent évidemment par le leur. Ce qui est intéressant d'observer, pour le cas du français au Vietnam, se sont les efforts financiers et logistiques que la France est capable de mettre en place lorsqu'il s'agit de propager ses valeurs, sa culture, au travers de sa langue, avec toujours en toile de fond la volonté de fournir un nombre de diplômés de haut niveau au service de l'appareil administratif français.

C’est ainsi que fut mis en place un centre de télé enseignement à Hanoi (favorisée par l'ambassade de France qui y est implantée), chargé de la formation continue des enseignants de français, ainsi qu’un autre pour la formation universitaire à distance. Un autre grand chantier fut celui de la construction du centre régional d'enseignement du français en Asie Pacifique.

Voir également les créations du centre de formation de traducteurs et d'interprètes de l’institut francophone d'informatique, du centre franco-vietnamien de formation la gestion, du centre de formation continue. Il faut également compter sur tout le réseau des alliances Françaises et des centres français que l'on peut trouver un peu partout sur le territoire vietnamien : Can Tho, Hue, Danang, Nha Trang, Ho ChiMinh Ville...

On peut facilement constater à quel point une volonté politique linguistique est facilement mise en place (et avec quels moyens !) quand il s'agit du français.

C’est au vu de ces moyens que l’on constate l’étendue de la mauvaise volonté en matière de bilinguisme ici même.

Nous ne pouvons que constater également que ces machines de guerres linguistiques ne gênent quand à elles personne, et encore moins les adversaires acharnés du bilinguisme breton. Nous n’avons encore jamais vu par exemple aucun libre penseur dénoncer l’acharnement dont font preuve nos gouvernants français à vouloir imposer le français à toute la planète.

 

Immersion : breton = replis culturel, français = diversité culturelle

 

Et de Diwan, il en est encore question. Car tout ce qui touche ces écoles nous ramène à la pédagogie mise en place depuis 1977 en son sein. Depuis quelques années nous assistons à un acharnement sans précédant visant à torpiller tout ce qui touche de près ou de loin ces écoles. Son grand tort ? Pratiquer un enseignement immersif en langue bretonne. Le gouvernement français, ainsi que tous ses supplétifs culturellement narcissiques, mettent tout en oeuvre pour contrer ce projet pédagogique immersif, certains ne craignant pas, tel le duc De Rohan, ancien président de la « région » Bretagne, à faire du chantage alors que Diwan est étranglé financièrement : argent contre abandon de son système immersif.

En 2001 le ministre Mélenchon n’hésite pas à parler de « pratique  sectaire » à l’encontre de l’école bretonne, les parents des élèves de Diwan s’apparentant selon lui des « intégristes linguistiques », des« extrémistes », des « fondamentalistes » (sic). Ceci rejoignant ni plus ni moins le discours des responsables F.O. qui se posent même la question : « entre immersion et séquestration mentale des enfants, où est la différence ? » Ces derniers avançant même l’idée d’un « intégrisme ethnolinguistique ». Bref, l’immersion en langue bretonne pour nos braves républicanistes français, ne peut être qu’une « revendication sectaire ».

 

C’est donc avec consternation que l’on constate que la France, au travers de ses institutions si vénérables, en vienne à promouvoir l’immersion en langue française et donc le « replis culturel » par le biais d’écoles bilingues à l’étranger !

 

Le ministère français de l’Education certifiait ainsi en 2003, à Portland dans l’Etat d’Oregon une école qui est fière de démontrer que l’immersion « est la meilleure méthode pour enseigner une deuxième langue (qui) permet d’utiliser ses nouvelles capacités (…) dans la cour, pendant les sorties d’étude de classe etc.. »

Au Canada l’ambassade de France ne cache pas qu’elle« s’associe aux efforts de développement des  classes d’immersion où le français est enseigné de manière intensive (…) ». D’ailleurs, la France avoue que sa politique de promotion en matière de littérature française y est « particulièrement active ». L’ambassade soutenant même le replis culturel québécois puisqu’elle va jusqu’à envoyer de nombreux intellectuels français aux colloques universitaires au Québec, ce qui somme toute ressemble fortement à de l’ingérence, du moins si l’on se place sur le même point de vue que nos gouvernants.

Retour aux Etats-Unis : quelle est donc la différence entre Diwan et le lycée français de New York où à partir du cours préparatoire, l’enseignement est donné essentiellement en français, et où les enfants commencent à apprendre à lire en français avant d’aborder la lecture en anglais ? Aucun, si ce n’est que le lycée français lui, suit en plus le programme défini par le ministère français de l’Education nationale alors qu’il se trouve aux Etats-Unis. Comble du repli ethnique made in france.

Je terminerai ce petit tour d’horizon d’hypocrisie ethnocentriste par quelques lignes tirées du Projet Pédagogique et Educatif de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE). Dans le chapitre « définir une politique des langue » nous pouvons lire :

« Il s’agit d’assurer la maîtrise de la langue française et d’en faire un outil de communication dépassant le cadre de la classe ou de l’établissement. (…) Dans cette perspective, l’usage de la langue française, dans les enseignements comme dans la vie scolaire et extra scolaire, par les élèves tout comme par les personnels, doit être systématiquement privilégiés »

Nous voyons clairement qu’ici rien ne diffère de la charte des écoles Diwan qui pourtant soulève un tollé incroyable parmi entre autre les défenseurs de la langue française.

Mais comme l’a déclaré Robert Badinter (1) « Toute fermeture d’un lycée français à l’étranger est un coup porté à la France ». On imagine très bien que l’existence même de classes bretonnes sur le sol du territoire dit français est perçue également comme un coup porté contre la France.

 

Une seule chose dérange la France dans la mondialisation : que l’uniformisation ne soit pas française.

 

J’ai parlé ici d’hypocrisie, mais cela n’est qu’un aspect mineur de la politique linguistique  française (entre autre). Comment comprendre ce double langage  : « Ce qui est bon pour ma langue est inconcevable pour la tienne » ? C’est qu’en fait, rien n’a jamais vraiment changé depuis l’invention des races et son pendant, la classification des cultures.  Les « érudits » nous apprirent à une époque, que les races existaient chez l’homme et qu’elles étaient inégales. Il y avait les civilisés, et les sauvages. Les « civilisés » avaient une langue, les autres parlaient un patois, un dialecte. Les « civilisés » avaient la littérature, une nation… les races inférieures une pauvre culture orale et des tribus.

La notion de race a fait long feu, mais son pendant linguistique continue d’exister sans qu’aucune gêne ne se manifeste. On continue a apprécier les langues selon des critères de classification pourtant aussi ridicules et intolérables que ceux de la race.

La France n’a pas évolué depuis Jules Ferry et elle continue d’exercer une politique profondément raciste s’arrogeant le droit de vie et de mort de cultures qu’elle asphyxie.

C’est en cela que Diwan est profondément gênant. Lorsqu’en 1977 naît l'école, personne n’y croit, et cela n’affole pas nos politiques jacobins. Bernard Poignant l’avouera lui-même. Les gamins de Diwan échappent alors aux griffes de l’Education nationale. De par leur langue ils  échappent aussi d’une certaine manière au standard culturel français, et ceci est tout simplement intolérable pour nos uniformisateurs. Mais voila, Diwan qui a beaucoup grossi est devenu incontrôlable et surtout, surtout, inévitable en Bretagne, car Diwan est devenu un véritable symbole même pour les bretons non brittophones.

Il ne reste alors plus beaucoup d’alternatives à la classe dominante pour tenter d’inverser la situation de sympathie qu’exerce ces écoles : leur faire le plus de mal possible en s’acharnant sur les parents que l’on stigmatise, en l’étouffant financièrement, et en usant mille stratagèmes plus odieux les uns que les autres pour semer la confusion sur une pédagogie dont le savoir faire est, je le rappelle, partagé par la France, entre autre, hors de ses frontières. Le but est bien évidement que les petits bretons cessent de grossir les rangs d’une école n’ayant pas le certificat de conformité républicain français tout en essayant d’isoler les récalcitrants et d’une manière générale de continuer de coller une image négative à notre langue. Ils ont bien évidemment compris que l’image que se fait un peuple de sa propre langue est essentielle pour sa viabilité ou non. Notre langue fut ainsi selon les époques : une langue de rustres, un charabia, un baragouin, une langue de curés, puis une langue de nazis. Maintenant que l’intégrisme musulman est mis à l’honneur, nous voici devenus des « fondamentalistes ». Ne trouvez vous pas que cela commence à faire beaucoup !? A ce compte, pourquoi la langue française ne serait-elle pas la langue des négriers, du Maréchal Pétain, de l’OAS, du FN… ? et la langue bretonne celle des paysans insurgés de 1675 ?

Tout simplement parce que nous subissons la vision que nous impose l’Etat. Et cet Etat français associe indûment des notions d’égalité, d’évolution ou de liberté à sa langue depuis des siècles, en oubliant que cette langue a pourtant servi les idéologies les plus malodorantes.

Alors finalement le breton, langue de Mordrel ou celle d’Armand Robin ? Et le français, langue de Molière ou de Lepen ?

Les deux mon général.


(1)  Robert Badinter « sauvons d’abord le français » in Nouvel Observateur 01/07/99

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