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Ur skop war ar plastr

Le jacobin planque son chauvinisme derrière un universalisme abstrait.

Misères linguistiques



J'aime beaucoup la linguistique. J'aime encore plus la sociolinguistique. J'avoue cependant que certains linguistes m'agacent. C'est le cas d'Henriette Walter et sa marotte : le patois.
Ca, elle le défend le patois. Y'a pas à dire. Les journalistes lorsqu'ils la reçoivent n'ont que ce mot à la bouche et Henriette y va de son couplet sur la défense des patois, qui selon elle, seraient pourtant des "langues à part entière".
Soit. Alors si les patois sont des "langues à part entière", pourquoi s'obstiner à utiliser ce vocable pour désigner ces langues ?
Ecoutons la linguiste, qui nous donne sa définition de "patois" : "Un patois est une langue à part entière, qui se parle dans une aire géographique limitée et qui a connu une évolution légèrement différente de celle des patois voisins. Des patois partageant un ensemble de traits communs constituent un dialecte."

Là, j'avoue avoir beaucoup de difficulté à suivre son raisonnement. En effet, "des langues a part entière" qui forment des dialectes, c'est une nouveauté pour moi. Si l'on s'en tient à son raisonnement, son obstination à nommer "patois", des "langues à part entières" pourrait laisser entendre qu'elle refuse, malgré ses dires, à les considérer comme des "langues à part entière". A moins que son combat soit selui de la réhabilitation du mot "patois" ?

Entendue lors de nombreuses interviews à la radio, Henriette Walter entretient volontier la confusion entre "langues régionales", "patois"... sans jamais dire où ces derniers commencent et finissent , ou si ces deux termes sont pour elle synonymes. Pour reprendre sa définition surprenante, le patois serait parlé "dans une aire géographique limitée".
Quid du Danois, principalement parlé au Danemark ?
Quid de l'estonien, parlé en Estonie ?
Quid du Catalan, prinipalement parlé en Catalogne, mais par près de 10 millions de locuteurs.. Un patois lui aussi ?
Ce que ne dit pas Henriette Walter, c'est que cette classification des langues est purement politique, et que cette classification a une incidence incroyable sur la pratique même de ces langues.
Un exemple éclairant ? Le catalan toujours : Cette langue est parlée par un peuple coupé en deux. Au nord les catalans sont gouvernés par Paris, au sud par Madrid. Ils parlent une même langue, le catalan. Pourtant cette dernière qui est, au mieux, une langue régionale pour les français, est une langue nationale du point de vue Espagnol. Au nord la pratique ce cette langue décroit, elle se porte comme un charme au sud. Nous pouvons multiplier l'exmple à l'envie tant de nombreux peuples en hexagone sont coupés en deux. C'est le cas des flammands, dont la langue côté français est méprisée et ne cesse de perdre des locuteurs, ce qui peut paraitre bien suprenant car ces derniers partagent leur langue avec les néerlandais (16 millions de locuteurs), dont c'est la langue officielle.
Les langues que l'on cache derriere le mot patois sont automatiquement dévalorisées. Et Henriette Walter ne peut feindre de l'ignorer. Elle sait que le mot patois véhicule une image très souvent négative ou péjorative de ces langues.
Le journal Sud Ouest appelle systématiquement "Patois" la langue occitanne. Le quotidien Nord éclair utilise systématiquement ce mot pour désigner le picard, qu'il ne nomme jamais comme tel. En épluchant ces journaux, on remarque que les mots associés au terme "patois" sont très souvent dépréciatifs ou utilisés dans des contextes peu sérieux.
Voici une Petite liste non exhaustive que j'ai relevé dans ces deux canards :
nostalgie
comique
sketch
humour patoisant
humour et fantaisie
rire
coutume régionale
bonne humeur
Sourire
patoisante
expressions savoureuses
folklore et parfois cocasse
tradition et veillées d'autrefois
ancien parler...

On conviendra, que l'on aura de fait, plus de mal à faire admettre à leur locuteurs que ces langues que l'on cantonne au rire et au passé puissent être égales à toute autre forme de langage.
Cercle vicieux. Une langue dépréciée ne donne pas envie d'être transmise. Au mieux, elle servira dans des cercles restreints, et surtout pas publics. Une langue coupée d'expression publique est vouée à disparaitre. Si le combat d'Henriette Walter est de prouver que toutes les langues se valent, je pense qu'il est grotesque de vouloir réabiliter un terme dévalorisant et politique par nature.
Ce combat serait aussi stupide que celui de la défense de la valeur positive du mot "plouc" face au mot "paysan". Imaginez une Henriette Walter de la paysannerie déclarant : "Les ploucs c'est bien, le Plouc est un paysan à part entière".
A quoi sert-il de chercher à modifier le sens de termes péjoratifs lorsqu'il en existe déjà d'autre plus positifs ou plus neutres ?

Henriette Walter ne pourrait-elle pas profiter de sa notoriété pour justement en finir avec cette triste hiérarchie linguistique purement politique en rayant le mot patois de son vocabulaire ?
La question est : est-ce là son but ?

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V
<br /> En fait, Henriette Walter voulait utiliser le mot "badume", mais ça n'existe pas dans son patois :-)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Res ket bil', n'eo ken met evit lakaat an dud da vreskin !<br />
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A
<br /> <br /> Aaah, setu ! :)<br /> <br /> <br /> <br />
N
Ar pep gwellañ a vefe goulenn diganti ?! Kemer a ra perzh e skipailh ar "Centre de recherche sur la diversité linguistique de la francophonie", e Skol Veur Roazhon 2. Ar postel nemetañ am eus kavet a zo hini ar paotr e-karg eus ar greizenn-mañ : Philippe.Blanchet@uhb.fr
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T
<br /> <br /> Perak pas, ya...<br /> Trugarez.<br /> <br /> <br /> <br />